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Salariés et mobilité : On the road again !

L’édition 2020 du baromètre Alphabet-Ifop* sur les déplacements professionnels marque une inversion de tendance et un retour à l’usage de l’automobile. Le phénomène est-il conjoncturel ou structurel ? L’analyse des chiffres-clés de l’étude permet quelques interprétations.

Un recours plus important à la voiture

76% des actifs français utilisent une voiture dans le cadre de leurs trajets professionnels ou domicile-travail. Alors que la part de la voiture dans les déplacements professionnels était en baisse constante, elle remonte cette année de 4 points pour retrouver son niveau de 2018  (au détriment notamment des transports en commun). Une tendance qui se vérifie dans toutes les régions de France.

La crise sanitaire actuelle semble être la raison de cette inversion de tendance : depuis la fin du premier confinement, 12% ont modifié leur manière de se déplacer et parmi eux, 42% font désormais usage d'un véhicule personnel ou de fonction.

D’après d’autres sources, le phénomène ne serait pas limité à la France : ainsi, à  Wuhan (Chine), dès avril 2020, les intentions d’utilisation de la voiture particulière ont bondi de 33% à 66%. Là-bas comme ici, l’automobile est perçue comme une bulle protectrice contre la contamination.

Des transports en commun moins plébiscités

De façon corrélative, l’utilisation des  transports en commun baisse de 3 points par rapport à 2019, mais aussi de 6 points par rapport à 2018 pour s’établir à 21%. La tendance, apparue avant la crise sanitaire, s’explique :

En zone rurale, le choix « voiture ou transport en commun » n’est pas toujours possible. Et la fermeture effective ou programmée de lignes secondaires de chemin de fer va encore réduire l’offre.

En zone urbaine, l’usager est régulièrement confronté aux limites de capacité de certains axes et à une promiscuité forte de nature à inquiéter les usagers en période de pandémie.

Quelle troisième voie ?

On compte aujourd’hui 36% d'utilisateurs de « transports doux » (marche à pied, vélo, trottinette, vélo à assistance électrique et trottinette électrique). Contre toute attente, ce résultat est en recul de 3 points par rapport à 2019. L’explosion médiatisée du marché du Vélo à assistance électrique ne semble pas concerner au premier chef les trajets domicile-travail. Relevons qu’une distance moyenne de ces trajets de 19 kilomètres à parcourir deux fois par jour, et en toutes saisons, peut freiner même les plus respectueux de l’environnement.

Véritable catalyseur de tendance, la crise sanitaire a aussi permis d’expérimenter à grande échelle le télétravail, ses avantages et ses limites : plus d'un quart des actifs français ont modifié leurs habitudes de travail depuis mai 2020. 15% pratiquent désormais le télétravail et 12% travaillent en horaires décalés.

Des résultats attendus en termes de qualité de vie

Selon l’étude, la mobilité liée aux déplacements dans le cadre du travail impacte la QVT (qualité de vie au travail) de 35% des sondés. Autrement dit, les caractéristiques des moyens de transport utilisés en termes de confort, de sécurité, de fiabilité et de rapidité influencent la qualité perçue de la vie au travail... et la qualité de la vie en général.

Conscientes du fait que les salariés heureux font les clients satisfaits, les entreprises accélèrent le mouvement : 59,3% des actifs déclarent pouvoir bénéficier de solutions de mobilité via leur entreprise. Soit 9 points de plus qu'en 2019.

  • Le remboursement des titres de transport en commun est la première solution de mobilité proposée par les entreprises et utilisée par les salariés.
  • 17,7% des sondés, dont l'entreprise propose au moins une solution de mobilité, disposent d'un véhicule de fonction ou de service.
  • 26,7% des actifs interrogés ont déjà pratiqué ou pratiquent le covoiturage dans le cadre de leurs déplacements domicile-travail.

Au-delà des effets de la crise sanitaire, les transports en commun imposent des contraintes quotidiennes aux salariés (densité du réseau, ruptures de charge, horaires...) qui limitent ses parts de marché.

Si les transports doux sont appelés à se développer, leur rayon d’action les cantonne aux territoires urbains.

L’automobile et le télétravail feraient alors partie des solutions, voire seraient complémentaires : le télétravail ponctuel associé à des horaires décalés lorsqu’il faut se rendre sur son lieu de travail permettent en effet de désembouteiller les routes.

Et l’automobile, plus propre, mieux partagée, pourrait redevenir le symbole de progrès et de liberté qu’elle était au siècle dernier.

 

*Etude en ligne réalisée par l’IFOP pour Alphabet France (BMW Group) du 7 au 17 septembre 2020 (soit avant le deuxième confinement) auprès de 1003 Français actifs de 18 ans et plus.