
Notre vision de la mobilité est en pleine mutation, remarque le trendwatcher Herman Konings. « La voiture n’est plus un symbole de standing. Posséder une voiture deviendra de plus en plus rare, les voitures partagées se décupleront. Dans la ville, mais aussi dans la province progressiste. » Découvrez la mobilité sous le prisme de son point de vue de trendwatcher et les possibilités qui existent déjà à l’heure actuelle.
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La Belgique possède un parc automobile de 7,5 millions de véhicules, dont près de 6 millions de voitures particulières. Mais nos routes de plus en plus embouteillées, à l’origine d’énormes pertes de temps, et la préoccupation croissante pour le climat nous poussent à réfléchir à de nouvelles formes de mobilité.
À quoi ressemble la mobilité de demain ?
Herman Konings: « La voiture reste – sauf pour les courtes distances – encore et toujours le moyen de transport le plus simple pour nous déplacer d’un point A à un point B. Vous ne dépendez pas d’horaires, vous pouvez vous rendre à un endroit précis, vous pouvez passer à votre aise des coups de téléphone sur la route, il y fait agréablement chaud en hiver et agréablement frais en été. Difficile donc pour les autres alternatives de se faire une place. »
Selon moi, l’interface design devrait apporter une solution. Si vous pouvez développer des apps dans lesquelles vous connectez tous les moyens de transport les uns aux autres en plus de collecter et d’analyser en continu des données en temps réel, vous pouvez proposer en permanence aux utilisateurs l’itinéraire le plus rapide en combinant différents moyens de transport. Nous n’en sommes pas encore là, mais les algorithmes ne cessent de s’améliorer. »
Rejoindre la gare en trottinette, embarquer dans le train, prendre le tram pour quelques arrêts, puis enfourcher un vélo partagé pour parcourir le dernier kilomètre menant au bureau : voilà la mobilité de demain.
Cela signifie-t-il que l’âge d’or de la voiture appartient au passé ?
« La voiture n’est pas morte. Loin de là. La seule chose, c’est que nous la percevrons différemment. La voiture est aujourd'hui un moyen de transport et non plus LE moyen de transport. Les générations après les babyboomers ont une autre mentalité, moins axée sur la compétition, davantage sur la collaboration. Elles réalisent qu’elles doivent collaborer pour atteindre un but. On l’observe même dans les jeux – songez aux escape rooms –, où le niveau suivant ne peut être atteint qu’en collaborant. La voiture n’est plus un symbole de standing, mais en tant que telle, elle a encore sa place dans le quotidien, si ce n’est qu'il n’est plus aussi indispensable de la posséder. »
Assisterons-nous à une percée des voitures partagées ?
« La première génération des voitures partagées a éprouvé des difficultés à véritablement percer. Mais l’année dernière, l’utilisation de voitures partagées a explosé. Notre pays compte déjà près de 200 000 adeptes du partage de voiture, et l’ensemble de l’Europe en totalise plus de 10 millions. Et très important : 90 % des utilisateurs ont moins de 35 ans. Les nouvelles générations voient plus d’inconvénients que d’avantages à posséder une voiture : le coût, le manque de places de stationnement, payer pour un produit qui restera inutilisé 90 % du temps. Et elles sont insensibles à l’idée de la voiture comme symbole de standing. Elles roulent un jour en Jaguar, et le lendemain en Skoda. »

Voitures partagées, vélos partagés et trottinettes partagées : des phénomènes de grande ville ?
« Là aussi, la situation commence à changer. Les babyboomers voulaient tous vivre en ville. Mais les générations suivantes prennent le chemin inverse. Elles ont envie d’espace et d’air sain, ce qu’elles ne trouvent pas en ville. Et encore moins à un prix abordable. Elles déménagent donc souvent, une fois qu’elles ont des enfants, en dehors de la ville. En province. Mais elles emportent avec elles leur urban mindset. Elles arrivent en périphérie avec leur mentalité citadine et rendent la province progressiste. La vision de la mobilité change aussi. L’approche "ma voiture, ma liberté" perd en popularité. Les moyens de transport alternatifs perceront aussi en dehors de la ville. C’est une question de temps. »
Que signifie la nouvelle mobilité pour les fleet managers ?
« Ils devront proposer du "sur-mesure". Les jeunes sont de plus en plus nombreux à ne pas avoir de permis de conduire. Par conséquent, ce n’est plus avec une voiture de société que l'on attire des talents : il faut chercher des solutions créatives pour la mobilité de ses collaborateurs. Attention, les entreprises s’y attèlent déjà. De Persgroep et Axa ont par exemple quitté la périphérie pour réinstaller leur siège en ville, tandis que Colruyt travaille avec des bus-bureaux. »
Si les jeunes n’obtiennent plus leur permis de conduire, ce n’est plus avec une voiture de société que les fleet managers attireront des talents. Ils doivent faire preuve de créativité et proposer du "sur-mesure.
Et qu’en est-il des voitures autonomes ?
« Je crois davantage dans les voitures connectées. Je vois des véhicules autonomes en dehors de l’espace urbain, mais en ville, c’est une autre paire de manches. Amazon avait annoncé à grand bruit l’ouverture de magasins sans personnel ni caisses : les clients n’avaient qu’à prendre leurs achats en rayon, des caméras intelligentes enregistraient tout et le paiement se faisait automatiquement. Eh bien, Amazon a dû faire marche arrière à cause de problèmes techniques persistants. Si c’est déjà trop complexe de s’en sortir avec une dizaine de clients dans un espace fermé, comment fera-t-on pour connecter 7,5 millions de voitures dans un espace ouvert ? Non, nous aurons encore besoin quelque temps du bus-bureau. »
Qui est Herman Konings ? Herman Konings est analyste de tendances et psychologue du consommateur au bureau d’études anversois de tendances et d’avenir Pocket Marketing/nXt. Il est lui-même un fan du « transfert modal », et combine la voiture avec le vélo, le train, le tram, le taxi et le bus.